La société civile de moyens (SCM) est une structure juridique permettant à des professionnels libéraux ou indépendants d’exercer leur activité en mettant en commun leurs moyens et leurs ressources. Elle offre de nombreux avantages, notamment en termes de mutualisation des coûts et d’optimisation de la gestion. Mais qu’en est-il du régime fiscal appliqué à une SCM ? Cet article vous propose un tour d’horizon complet sur la question, afin de vous aider à mieux appréhender les spécificités fiscales liées à cette forme juridique.
Les principes généraux du régime fiscal d’une SCM
Contrairement aux sociétés commerciales, qui sont imposables au titre de l’impôt sur les sociétés (IS), la SCM est soumise au régime fiscal des sociétés de personnes. Cela signifie que les bénéfices réalisés par la SCM ne sont pas imposés directement au niveau de la structure elle-même, mais au niveau des associés. En effet, les bénéfices sont répartis entre les associés proportionnellement à leurs droits dans la société et sont ensuite soumis à l’impôt sur le revenu (IR) dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC) pour les professions libérales ou des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) pour les autres professions.
Il est important de noter que la SCM n’a pas pour objet l’exercice d’une activité commerciale, mais uniquement la mise à disposition de moyens pour faciliter l’exercice des activités professionnelles de ses associés. Ainsi, elle ne réalise pas de bénéfices proprement dits, mais seulement des charges et des recettes liées à la gestion des moyens mis en commun.
Le régime fiscal des recettes et des dépenses d’une SCM
Les recettes d’une SCM sont principalement constituées par les redevances versées par les associés en contrepartie de l’utilisation des moyens mis à leur disposition. Ces redevances doivent être fixées de manière objective et proportionnelle aux coûts engagés par la SCM pour fournir les moyens en question. Elles doivent également être déterminées sans tenir compte des résultats financiers de chaque associé.
Les dépenses engagées par la SCM sont déductibles du résultat imposable, à condition qu’elles soient directement liées à la gestion des moyens mis en commun et qu’elles respectent le principe de l’intérêt commun. Il s’agit notamment :
- des frais d’acquisition, d’amortissement et d’entretien du matériel et des locaux utilisés par les associés ;
- des frais de personnel (salaires, charges sociales) affecté à la gestion des moyens communs ;
- des frais généraux (loyers, assurances, énergie) liés aux locaux et aux équipements mis à disposition ;
- des honoraires versés à des tiers pour la réalisation de prestations nécessaires au fonctionnement de la SCM.
En revanche, les dépenses liées à l’exercice de l’activité professionnelle propre à chaque associé ne sont pas déductibles au niveau de la SCM. Elles doivent être prises en compte dans la comptabilité personnelle de chaque associé et déduites de leurs bénéfices imposables.
Les obligations fiscales des associés d’une SCM
Les associés d’une SCM ont plusieurs obligations fiscales à respecter :
- Ils doivent déclarer leur quote-part des bénéfices réalisés par la SCM dans leur déclaration de revenus, en fonction de leur statut professionnel (BNC ou BIC). Cette déclaration doit être accompagnée d’un bilan fiscal retraçant les opérations réalisées par la SCM au cours de l’exercice écoulé.
- Ils doivent acquitter les cotisations sociales correspondant à leur quote-part des bénéfices, auprès des organismes compétents (URSSAF, caisses de retraite, etc.). Ces cotisations sont calculées sur la base des revenus nets perçus par l’associé au titre de son activité professionnelle.
- Enfin, ils doivent s’acquitter de la TVA, si la SCM est soumise à cet impôt. La TVA est applicable aux redevances versées par les associés à la SCM, sauf si ces derniers exercent une activité exonérée de TVA (par exemple, les professions médicales ou paramédicales).
L’option pour l’impôt sur les sociétés (IS)
Bien que le régime fiscal par défaut d’une SCM soit celui des sociétés de personnes, il est possible d’opter pour l’impôt sur les sociétés (IS) sous certaines conditions. Cette option doit être prise à l’unanimité des associés et être notifiée au service des impôts dans les trois mois suivant la création de la SCM ou la clôture de son premier exercice.
L’option pour l’IS présente plusieurs avantages, notamment :
- une imposition à un taux unique (15 % jusqu’à 38 120 € de bénéfices, puis 28 % au-delà), généralement inférieur aux taux progressifs de l’IR ;
- la possibilité de constituer une réserve spéciale d’égalisation des revenus, permettant de lisser les fluctuations de résultats entre les exercices ;
- la possibilité d’amortir le matériel et les locaux sur une durée plus longue que celle prévue par le régime BNC ou BIC.
Toutefois, cette option entraîne également certaines contraintes, notamment l’obligation de tenir une comptabilité commerciale et de respecter les règles fiscales applicables aux sociétés soumises à l’IS. Par ailleurs, elle peut avoir des conséquences sur le régime social des associés et sur leur imposition personnelle (plus-values en cas de cession de parts).
En synthèse : un régime fiscal adapté aux besoins des professions libérales et indépendantes
Le régime fiscal d’une SCM est conçu pour répondre aux besoins spécifiques des professions libérales et indépendantes, en leur permettant de mutualiser leurs moyens et d’optimiser leur gestion. Soumise au régime des sociétés de personnes, la SCM offre une grande souplesse et une fiscalité avantageuse pour les associés. Toutefois, il convient de bien appréhender les obligations fiscales incombant à ces derniers et de tenir compte des éventuelles conséquences d’une option pour l’IS. L’accompagnement d’un expert-comptable ou d’un avocat spécialisé peut s’avérer précieux pour vous aider à faire les bons choix et à optimiser la gestion fiscale de votre SCM.